À l’initiative du Groupement d’Appui pour le Développement Durable (GADD), l’Évaluation participative des risques liés au climat et aux catastrophes (EPRACC) à Fokoué s’est déroulée le 28 novembre, puis les 11 et 12 décembre 2024 ainsi que les 29 et 30 janvier 2025.

cet atelier vient à point nommé car il y a de cela quelques années déjà, les populations de Fokoué souffraient de ce manque de rendement dans les cultures qu’elles mettaient au sol
Tenonkou Léonel, cadre communal de développement et chef service communication pour la commune de Fokoué
Dans cette salle des cours de l’institut de formation professionnelle campus Joss de fokoué, des étudiant∙e∙s d’un autre genre y ont séjourné. Le contexte marqué des changements climatiques et ses multiples aléas, suggère en effet que toutes les populations s’y intéressent. Ce faisant, elles comprendront mieux ce que c’est, et comment efficacement contribuer à la résilience. Comme le dit Tenonkou Léonel, cadre communal de développement et chef service communication pour la commune de Fokoué, « cet atelier vient à point nommé car il y a de cela quelques années déjà, les populations de Fokoué souffraient de ce manque de rendement dans les cultures qu’elles mettaient au sol… »
C’est à cet effet qu’à l’initiative du GADD qu’accompagne Brot für die Welt, les producteur∙ice∙s bios de Fokoué ont séjourné au sein de ce campus le 28 novembre, puis les 11 et 12 décembre 2024 ainsi que les 29 et 30 janvier 2025. Avec eux∙elles, le cadre communal de développement de Fokoué, des enseignants, des commerçants, des notables, des agents communaux et bien d’autres personnes de profils divers. C’était l’occasion de prendre part à l’évaluation participative des risques liés au Climat et aux catastrophes.
Jour 1, jour d’analyse, d’identification, de priorisation et de démarrage
La journée du jeudi 28 novembre 2024 était le premier jour de l’activité. Elle est consacrée à l’analyse préliminaire du contexte climatique local, l’identification et la priorisation des aléas climatiques, ainsi qu’au démarrage de la cartographie participative de la localité.
En effet, juste avant 9h, les animateur∙ice∙s et les participant∙e∙s étaient présent∙e∙s sur le site. La salle des cours de l’institut de formation professionnelle campus Joss de fokoué qui les accueille affiche fière allure. La fierté des participant∙e∙s est vivifiée grâce à l’animation stratégique de l’équipe du GADD. La façon recommandée pour se présenter, la relaxante façon d’aborder les points inscrits à l’ordre du jour et leur approfondissement. Tout y est pour une journée pleine et moins fatigante. D’ailleurs, cette ambiance règnera durant toutes les autres journées dédiées à l’activité.
Après l’accueil et l’installation, l’activité à laquelle se consacrent les animateur∙ice∙s est le déblayage conceptuel couplé à la présentation des objectifs de l’atelier. Ce faisant, chaque participant a pu bien comprendre le pourquoi de chacune des activités prévues pour cette évaluation participative des risques liés au climat et aux catastrophes.
Ensuite, vint le moment d’identification et de priorisation des aléas. De la sorte, les participant∙e∙s ont énuméré de façon exhaustive, les différents aléas climatiques qu’elles et ils connaissent dans l’arrondissement de Fokoué. Avec l’aide des animateur∙ice∙s, chaque aléa a été discuté pour comprendre son impact sur les ressources et les moyens de subsistance. Les participant∙e∙s sont ensuite invité∙e∙s à prioriser suivant une échelle donnée. Le mauvais rendement, la variabilité des saisons, les fortes pluies, l’attaque des ravageurs, la hausse des températures, l’érosion et les éboulements sont ainsi les principaux aléas identifiés par la communauté.

Juste après, est venu l’instant de la visualisation des zones vulnérables et des ressources critiques. À l’aide de feuilles et de marqueurs, les participant·es ont commencé à dessiner une carte de leur localité. Elle sera terminée au cours des prochaines rencontres. Pour ce premier jour, cet exercice a permis d’identifier les zones sujettes aux inondations. Il a aussi permis d’apercevoir les emplacements des cours d’eau, routes et terres agricoles ainsi que les infrastructures essentielles (points d’eau, marchés, etc.).
Il est un peu plus de 15h30 minutes, lorsque l’on décide de poursuivre l’atelier le 11 décembre courant. Avant de se séparer, une femme et un homme ont fait le résumé des activités du jour.
Jour 2, jour d’identification des ressources de la communauté et d’élaboration du calendrier saisonnier
« La disparition de certaines cultures n’est pas le fait de la sorcellerie. L’irrégularité des pluies et les éboulements de terrain non plus. Ce sont bel et bien des aléas climatiques ».
Patrick Kengne, chef projet
« La disparition de certaines cultures n’est pas le fait de la sorcellerie. L’irrégularité des pluies et les éboulements de terrain non plus. Ce sont bel et bien des aléas climatiques ».
C’est par ces propos que Patrick Kengne, chef projet développement des chaines de valeur biologique dans le département de la Menoua a ouvert les travaux de la deuxième journée de l’atelier EPRACC à Fokoué. Ils portent sur l’identification des ressources et l’exercice du calendrier saisonnier.
Ce mercredi 11 décembre 2024 en effet, l’équipe opérationnelle du projet de développement des chaines de valeur biologique dans le département de la Menoua aujourd’hui dans sa phase 3 est encore venue à la rencontre des opérateur∙ice∙s biologiques de l’arrondissement de Fokoué. Avec eux∙elles, le cadre communal de développement de Fokoué, des enseignants, des commerçants, des notables, des agents communaux et bien d’autres personnes de profils divers.
Dans la salle des cours de cet institut de formation professionnelle située à quelques mètres de la place du défilé de Fokoué, l’on parle encore EPRACC. Par ceci, entendons bien évaluation participative des risques liés aux changements climatiques et aux catastrophes.
Autour de 9h ce mercredi 11 décembre 2024, l’on a commencé par accueillir chaleureusement les participant∙e∙s. Une égayante présentation à nouveau de tous∙tes recrée la bonne ambiance de la première journée. Dit autrement, les présentations individuelles se sont faites d’une façon qui rend gaie. Car, après avoir parcouru une certaine distance sur des routes pas toujours bien aménagées, l’on est certainement un peu stressé. Il fallait donc trouver une technique qui déstresse et égaie.
C’est ainsi que l’on opta pour la formule nom + prénom + localité d’où l’on vient + activité principale + repas préféré + petit nom avec lequel on aime être appelé. L’on va, pour ce fait, de temps en temps, rire de l’ingéniosité des noms et savourer en esprit, les mets que l’on raffole ici et là.
Des ressources et des moyens confortables
L’instant suivant a permis de dresser la carte des ressources et des moyens. Fokoué est très riche. Des ressources naturelles, physiques, humaines, sociales, économiques et financières, on en trouve. Des forêts, cours d’eau et chutes, carrière de pierres et de sable, les pâturages, les monts, des infrastructures routières, de l’agriculture/élevage, du transport, du commerce, de la chasse, des chefferies, des associations / GIC / coopératives, du nécessaire pour la santé, on en trouve. Seulement, peut-on en trouver sur une carte ?
C’est afin de répondre à cette question par l’affirmative, que les participant·es ont ensuite procédé à l’ajustement de la carte de la localité et à la clarification de la légende, avant de faire calendrier saisonnier.
Un calendrier saisonnier contrastant
Cet exercice a nécessité la division des participant·es en deux groupes : celui des femmes, restées sur place et celui des hommes ayant rejoint la salle d’à côté. Chacun des groupes a reçu une fiche d’instructions pour l’exercice et est accompagné d’au moins un∙e facilitateur∙ice. Après le temps imparti, tous∙tes se retrouvent dans la salle hôte. À presque 16h, l’on prend rendez-vous pour le lendemain, 12 décembre 2024.


Jour 3, jour de restitution, jour de mesure de l’impact des principaux aléas sur les ressources naturelles
Le jeudi 12 décembre 2024 est le troisième jour de l’évaluation participative des risques liés aux changements climatiques et aux catastrophes (EPRACC) à Fokoué. Il est consacré à la restitution des travaux de groupes sur l’exercice du calendrier saisonnier ainsi que la mesure de l’impact des principaux aléas sur les ressources naturelles.
De part et d’autre des groupes de travail de la veille, un∙e volontaire se désigne pour présenter le travail du groupe. Celle que l’on appelle affectueusement Honorable le fait pour les femmes. Quant aux hommes, c’est Martial qui s’en charge. Ledit travail a consisté à présenter les périodes de survenance majeure des différents évènements de nos jours comparativement à il y a trente ans. L’on a pu noter une certaine disparité entre les périodes de préparation des sols, de semis, de sarclage et de récolte chez les hommes et les femmes. Ladite disparité s’est expliquée par le type de culture que chaque groupe met habituellement en place. De fait, après discussion, un calendrier consensuel est établi. Il fait remarquer une variation climatique sur le long terme. Bien plus, il permet d’observer que les saisons de survenance des évènements de nos jours ne sont plus toujours celles d’il y a trente ans.

Les ressources naturelles qui subissent les aléas
Consécutivement à cet exercice, les participant∙e∙s ont interrogé l’impact des trois principaux aléas climatiques de la localité (fortes pluies, variabilité des saisons et mauvais rendement) sur les différentes ressources et les moyens de subsistance.
Pour ce faire, chaque participant∙e∙s reçoit trois cartes zoop de différentes couleurs représentant chacune un aléa. Les animateur∙ice∙s expliquent les instructions de l’exercice à tous∙tes.
Après la collecte des cartes zop utilisées pour l’exercice, un décompte des notes attribuées à chaque aléa pour chaque ressource a été effectué. Il en est ressort que les fortes pluies occupent la première position en termes d’impact sur les ressources naturelles. C’est donc l’aléa climatique le plus important dans la localité de Fokoué. À sa suite, c’est la variabilité des saisons que suit le mauvais rendement.
De même, l’on observe que les ressources naturelles sont les moyens de subsistance les plus affectés par les aléas climatiques. Et ce n’est pas tout. L’exercice de la mesure de l’impact des principaux aléas sur les ressources naturelles fait aussi remarquer que, suivant le degré d’impact pour chaque ressource, l’agriculture est la ressource la plus touchée par les aléas climatiques. Elle est suivie par la santé, le commerce, les cours d’eau et les associations/GIC/Coopératives.
À l’issue de cet exercice, l’horloge affiche 15h30. Deux volontaires font rapidement le bilan de la journée. Rendez-vous a été ensuite pris pour le 29 janvier 2025.
Jour 4, jour d’évaluation des réponses locales et de visualisation des objectifs élaborés
Il est 9h lorsque les animateur∙ice∙s du Groupement d’Appui pour le Développement Durable qu’accompagnent des stagiaires de la Faculté d’Agronomie et des Sciences Agricoles (FASA) de l’université de Dschang souhaitent la bienvenue à tous∙tes. Comme les précédents jours, les producteur∙ice∙s bios de Fokoué sont bien là. Le cadre communal de développement de Fokoué, des enseignants, des commerçants, des notables, des agents communaux et bien d’autres personnes de profils divers sont aussi là. Chacun∙e se présente comme d’habitude. S’en est suivi le rappel participatif des activités précédemment menées. Ainsi, les journées du 28 novembre, puis les 11 et 12 décembre 2024 ont été actualisées.
Après ceci, la première activité est consacrée à l’évaluation des réponses locales aux impacts. Comme à l’accoutumée, le groupe des hommes travaille dans la salle voisine à celle des femmes. De part et d’autre, et ce dans un tableau synoptique, ‘on ressort les aléas majeurs ainsi que les principaux impacts. À ceci, l’on fait correspondre les principales réponses locales avec lesquelles lesdits impacts sont généralement adressés.
De retour dans la salle commune, l’efficacité et la durabilité de chacune des réponses sont évaluées. S’en est suivie la visualisation des objectifs élaborés par la communauté de Fokoué. De la sorte, face aux aléas et impacts, des objectifs à court terme (1 à 3 ans) et à long terme (plus de 3 ans) sont formulés. Bien évidemment, cette identification vient après le constat par tous∙tes, suivant lequel les solutions habituellement adoptées pêchent suffisamment en ce qui concerne la durabilité.
Sentant un peu de fatigue à un peu plus de 15h, Florence et Baudelaire, deux volontaires, font le bilan de la journée. Rendez-vous est ensuite pris pour le lendemain, 30 janvier 2025.

Jour 5, jour d’élaboration de stratégie, d’identification des co-bénéfices et d’élaboration des plans d’action
Le jeudi 30 janvier 2025 est le cinquième et dernier jour de l’évaluation participative des risques liés aux changements climatiques et aux catastrophes (EPRACC) à Fokoué. Comme les précédents jours, l’équipe du Groupement d’Appui pour le Développement Durable rencontre les participant∙e∙s un peu plus avant 9h. Un rappel participatif des activités ayant meublé la journée d’avant est fait. La clarification des zones d’ombre est faite au fur et à mesure qu’elles sont signalées.
L’étape suivante est celle de la stratégie d’adaptation ainsi que de l’identification des co-bénéfices. Chaque stratégie d’adaptation, chaque co-bénéfice, sont fonction des objectifs à court, moyen et long terme que l’on a identifiés la veille. Par exemple, l’aléa que sont les fortes pluies ont pour principaux impacts le mauvais rendement, l’inondation, l’érosion, les maladies et les ravageurs. Comme objectif à court terme, l’on a respectivement prévu le drainage, la pratique de l’agroécologie, les bonnes pratiques agricoles, le développement de l’agriculture de contre saison. Aussi, l’on a prévu l’utilisation des intrants de qualité, des pièges et de épouvantails.
Sur le long terme, l’on retient le reboisement, l’aménagement des zones à risque, la subvention des intrants adaptés, la multiplication des points de fabrication des intrants biologiques. Pour tout ceci, de nombreuses stratégies sont proposées. Entre autres, l’identification de la cible et des personnes ressources, la formation de la cible, la formation sur la mise en place des pépinières ainsi que la formation sur les pratiques forestières.
L’autre activité du jour qui cristallise aussi l’attention de tous∙tes est l’élaboration du plan d’action d’adaptation au changement climatique. Tout juste après, Mme Rosy et M. Martial font le bilan des cinq journées de l’évaluation participative des risques liés aux changements climatiques et aux catastrophes (EPRACC) à Fokoué. À leur suite, Patrick Kengne Mouafo, chef projet de développement des chaines de valeurs biologiques dans le département de la Menoua aujourd’hui dans sa phase 3 (ProCVBio3), prend la parole pour saluer l’active participation de chacun∙e, rappeler les motivations de l’atelier ainsi que les perspectives. Ainsi, « c’est dans une volonté de renforcer la résilience de la communauté de manière générale et des producteur∙ice∙s bios de Fokoué en particulier face aux risques liés aux aléas climatiques qui perturbent les activités agricoles et le quotidien des habitants, que nous avons animé cette évaluation participative des risques liés aux changements climatiques et aux catastrophes (EPRACC) à Fokoué. Votre mieux-être, votre autonomie sont nos motivations majeures. Dans les prochains jours, nous mettrons à votre disposition un document de plan d’action qui résumera tous les échanges qui ont eu lieu ici. En plus de vous permettre de revisiter aisément ce que vous pouvez faire vous-mêmes, il vous permettra de faire des plaidoyers qui valent ».

Gratitude et espoir
Au sortir de ce riche et novateur atelier, les participant∙e∙s ne tarissent point d’éloge et de gratitude à l’endroit du Groupement d’Appui pour le Développement Durable et Brot für die Welt. Avec les termes de Madame Kenko Dénise, « merci pour la formation. J’ai retenu beaucoup de choses que je ferais désormais ». M. Awounang Fokou Roger, notable à la cour royale de la chefferie supérieure Fokoué, lui emboite le pas ; non seulement pour remercier, mais aussi pour partager un brin d’espoir. « LE séminaire a été, avec beaucoup de joie, un moment de partage avec tous∙tes les participant∙e∙s. Les encadreurs nous ont fait vivre un très bon moment. (…) Nous exhortons que ce ne soit pas comme dans bon nombre d’autres projets. Nous attendons qu’ils essaient de nous suivre sur le terrain ».
« Je crois que les participant∙e∙s qui ont eu bonheur et occasion d’assister durant ces cinq journées de formation pourront désormais apporter ou adopter des mesures de riposte et peut-être des mesures de prévention pour pouvoir améliorer leur rendement dans l’avenir.
Nous pensons aussi qu’avec cette formation, l’avenir sera beaucoup plus fructueux (…) au sortir de cet atelier, beaucoup d’éléments ont été acquis et je suis sûr et j’ose croire que nous pourrons les mettre en pratique pour un meilleur rendement dans l’avenir ». (M. Tenonkou Léonel)
Armand Blaise Tagne L., Responsable communication et plaidoyer ProCVBio3
